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Slow content, nouveau paradigme de la communication d’ici 2030 ?

L’année 2021 semble être l’année du mouvement slow. Slow life, slow freelancing et même slow content : aucun domaine n’est épargné par cette philosophie aux allures de mode issue du développement personnel. Tout comme dans la méditation en pleine conscience, le mouvement slow incite les individus à vivre en pleine conscience : le principe est d’agir selon ses valeurs et de prendre son temps. Dans le domaine du marketing de contenu, le slow content est souvent décrit comme le fait de « publier moins mais mieux ». Simpliste en apparence, l’émergence du slow content questionne le rapport des entreprises à la création de contenu et la valeur que ces dernières donnent à leur stratégie éditoriale. Comment décrypter cette nouvelle tendance du marketing de contenu ? Quel intérêt y trouver en tant que professionnel ? Je vous invite à prendre une grande inspiration ; ouvrez vos chakras, c’est parti !

Guide slow content marketing

Qu’est-ce que le slow content, cette branche du marketing de contenu ?

Le slow content consiste à produire du contenu de façon raisonnée, dans le but d’en améliorer la qualité. C’est cet élément différenciant qui permet aux contenus publiés de toucher leur cible au milieu de l’offre pléthorique disponible.

Pour y parvenir, le slow marketer met en application le célèbre vers de Boileau « Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage / Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage / Polissez-le sans cesse et le repolissez / Ajoutez quelquefois, et souvent effacez ». Nous aussi ponçons, peaufinons, perfectionnons notre texte jusqu’à satisfaction.

La quantité de travail nécessaire durant ce processus rend l’étape de la création de contenu plus longue qu’à l’accoutumé. Cependant, les résultats valent l’attente car le processus  débouche sur une expérience plus enrichissante pour les lecteurs et les prospects.

Innovation Slow Content marketing

Pourquoi le slow content est-il perçu comme une révolution en matière de stratégie marketing ?

Dans un monde idéal, le slow content n’existerait pas. Ni slow, ni fast, ni snack content qu’on avale sur le pouce, en moins d’une minute, il n’y aurait que le contenu et juste le contenu.

Chaque entreprise veillerait à élaborer soigneusement sa ligne éditoriale avant d’investir la toile. Elle ne s’intéresserait pas à sa stratégie de contenu pour rivaliser avec ses concurrents mais utiliserait le content marketing pour apporter une forte valeur ajoutée à ses prospects, prolonger et renforcer la relation client et soigner son image de marque.

Cela ressemble à une fable ? C’est qu’il est temps de redessiner les bases de votre communication en ligne.

Produit dans de mauvaises conditions, la qualité des contenus baisse

Beaucoup trop d’entreprises voient encore le marketing de contenu comme un passage obligé. Ce sont souvent ces mêmes entreprises qui se mettent tout à coup à produire en masse des contenus pour imiter le mouvement initié par leurs principaux concurrents.

Elles cherchent alors à se positionner sur les mêmes mots-clefs et ont tendance à s’inspirer, si ce n’est à copier – pour les moins scrupuleuses -, ce qu’elles voient sur les SERP. Malheureusement, l’imitateur n’arrive jamais à la cheville du maître !

Avec une telle conception, la création de contenu devient une étape chronophage et dispendieuse. Aussi, pour en limiter les coûts, ces entreprises utilisent des stratagèmes afin d’accélérer la production de contenus : faire rédiger le blog par un stagiaire, écrire des posts redondants au petit bonheur la chance pour investir une thématique, acheter des backlinks en masse pour placer un ou deux contenus sur des mots-clefs stratégiques, avec un succès relatif, et tant d’autres astuces devenues courantes.

Sus à l’infobésité : quand les consommateurs expriment leur ras-le-bol

Je me suis amusée à taper « table de cuisine en formica d’origine noire et jaune » sur mon moteur de recherche préféré. À votre avis, quel est l’ordre de grandeur du nombre de pages indexées ? 289 000 résultats. Un chiffre incroyable pour une requête si précise, qui plus est dans la langue de Molière.

Ce chiffre illustre à la perfection la notion de content shock : on estime que tous les 9 à 24 mois, le nombre de contenus présents sur internet double.[1] Ce sont dorénavant des milliards de pages, d’articles et de fichiers qui sont indexés. Pas moins de 1,78 milliards de sites web se trouvent sur la toile en 2020[2] – au point où il devient mathématiquement impossible de tout lire. Le temps d’attention des hommes n’est en effet pas infini. De plus, le nombre d’humains sur cette planète ne croît pas assez pour compenser la surabondance de contenus sur internet (et c’est tant mieux).

En conséquence, le public devient de plus en plus sélectif. Le contenu bâclé ne trompe personne.

La plupart des contenus ne rencontre jamais leur public et se retrouve reléguée au fin fond des abysses d’internet. Pour les articles de blog par exemple, seul 1,3% des articles suscite 75% des partages sur internet. Des chiffres éloquents qui plaident en faveur de la qualité plutôt que de la quantité.

Quand les algorithmes s’y mettent : le « slow » référencement naturel

Si les entreprises se sont mises à publier du contenu web à la pelletée, ce n’est pas par plaisir, mais surtout parce qu’internet les y encourageait. En effet, les algorithmes qui géraient l’indexation des contenus (mécanisme également appelé référencement naturel) étaient, au départ, programmés avec moins de finesse que de nos jours. Il y a encore dix ans, il était ainsi possible de parvenir à positionner correctement une page internet dans les moteurs de recherche en la truffant de mots-clefs. Cette pratique est désormais sanctionnée.

La technologie évolue. Les algorithmes des moteurs de recherche et des réseaux sociaux tendent à s’affiner de manière à privilégier les contenus offrant une expérience agréable aux internautes. Les robots qui sondent les textes réagissent de plus en plus comme un lecteur humain ; ils se fient de moins en moins aux mots-clefs en tant que tels et privilégient désormais le lexique que contient la page, sa sémantique et son architecture de titres et sous-titres. Des balises supplémentaires, telles que la méta description, l’alt description, permettent aux moteurs d’affiner leur compréhension de votre page web.

Les moteurs de recherche jaugent également le niveau d’interaction d’un contenu : plus ce dernier est commenté et partagé, plus l’algorithme le juge qualitatif et va donc le mettre en avant.

Ces exemples, parmi tant d’autres, illustrent l’évolution des mentalités : une évolution qui va dans le sens du slow content. Produire des choses qui ont du sens !

Pourquoi le slow content vous aide-t-il à performer sur internet ?

Dire qu’un contenu est qualitatif ne veut, en soi, pas dire grand-chose. Toutes les agences, tous les indépendants du secteur de la communication, tous les rédacteurs de cette terre se querelleront bec et ongles pour prouver qu’ils créent le meilleur contenu ou, du moins, des contenus de qualité.

Le terme « contenu de qualité », ou « contenu premium », doit être analysé afin de comprendre pourquoi le contenu produit en slow content affiche de meilleures performances que le contenu classique.

Les contenus produits en slow sont, en général :

  • Plus sourcés que la majorité des contenus portant sur leur sujet. En conséquence, ces derniers sont plus longs mais surtout plus exhaustifs, ce qui permet de centraliser en un endroit toutes les informations utiles à son lecteur pour solutionner une problématique.
  • Ce faisant, ce type de texte renforce la notoriété de celui qui le publie. Il valorise son auteur qui est perçu comme une figure d’autorité ;
  • La qualité de l’écriture se reflète au niveau sémantique. Puisque le texte est riche, les moteurs de recherche le trouveront plus attrayant et le mettront davantage en avant sur des recherches et des mots-clés différents. Évidemment, pour être bien placé, il faudra connaître les bases du référencement naturel (SEO) afin d’optimiser les performances de l’article. Une bonne architecture de titres et sous-titres couplée à un titre évocateur s’avèrent être le minimum pour que les robots offrent leur chance à votre page ou votre texte ;
  • Certains contenus suscitent plus d’engagement en raison de leur originalité. Originalité ne rime pas forcément avec excentricité mais plutôt avec singularité : une singularité dans l’approche du sujet, un ton particulier et un style relevé concourent au fameux effet « Waouh » que chaque rédacteur-concepteur recherche.

Des répercussions sur le rapport des entreprises à leur stratégies éditoriale et de marketing en ligne

Le changement de paradigme en slow content a, par ricochet, des répercussions sur le rapport qu’entretiennent les entreprises avec la création de contenu.

Maximiser l’efficacité des contenus leur demande en effet de modifier les processus en action au sein de l’entreprise et, plus profondément, de faire évoluer leur regard sur leur stratégie en ligne. Il reste encore tout un travail de sensibilisation à réaliser auprès des entreprises, petites et grandes, pour les inciter à produire des contenus originaux.

Un texte de qualité possède des exigences qui se révèlent parfois difficiles à appliquer pour les professionnels. En découle des répercussions :

  • Par exemple, le contenu s’améliore s’il est en adéquation avec la ligne éditoriale de la marque ou de l’entreprise à court, moyen et long termes. Cela implique toutefois que l’entreprise dispose d’une ligne éditoriale claire (voire d’une charte éditoriale !) définies en amont, ce qui n’est pas toujours le cas à l’heure actuelle !
  • Le contenu répond aux besoins réels des clients ou lecteurs qu’il est censé attirer à lui. Dans ce cas de figure, impossible d’écrire en suivant le génie créatif. Les suppositions premières doivent être étayées par des exemples, des chiffres et des rapports précis : on ne se lance pas dans l’utilisation de mots-clefs ou de formats sur l’intuition que cela va plaire. En découle une modification du processus de création de contenu. Le slow marketing impose de discuter en amont avec ses prospects pour comprendre précisément leurs besoins voire avec les opérationnels, sur le terrain, qui disposent d’un retour sur expérience. Il existe de nombreuses méthodes de sondage afin de recueillir l’opinion des clients. Pouvoir se réunir avec des opérationnels (des commerciaux ou des collaborateurs travaillant au SAV) permet également de cerner les questions qui intéressent particulièrement la cible marketing de l’entreprise.
  • In fine, le bon contenu implique que le lecteur, l’auditeur ou le public soit remis au centre du dispositif. On cherche à plaire à l’humain plutôt qu’à un algorithme.

Il s’agit de transformations en profondeur qui nécessitent un haut niveau d’engagement de la part de l’entreprise.

L’avenir appartient à ceux qui créent intelligemment

Les entreprises commencent à ressentir les effets pervers de la conception dominante actuelle de la création de contenu. Pour rivaliser les unes avec les autres en matière de production, elles doivent publier sans relâche, ce qui provoque une baisse globale de la qualité et de l’originalité des contenus.

Non seulement, il est impossible de tenir un tel rythme mais cela dégrade l’expérience de lecture. Les lecteurs, désabusés, boycottent de plus en plus les mauvais contenus. C’est sans compter le fait qu’un manque de qualité des contenus s’avère délétère en matière d’image de marque et de réputation pour les entreprises.

Le slow content n’a, en réalité, rien de neuf. Aussi, le qualifier de tendance serait présomptueux (c’est d’ailleurs l’avis de cette tribune). Cependant, il est évident que le contexte économique, social et politique actuel a profondément modifié les attentes des consommateurs. En découle une aversion de plus en plus marquée pour les discours marketing classiques. Les prospects et clients souhaitent qu’on s’adresse à eux sans filtre.

Aussi, le marketing de contenus et l’inbound marketing remplacent progressivement la publicité invasive, d’où l’essor et l’intérêt porté au slow content. Vous aussi, faites le choix de contenus léchés pour vous rapprocher de vos prospects et construire une relation stable et pérenne avec ces derniers.

Nos freelances en situation de handicap vous accompagnent pour développer une stratégie de contenus de façon raisonnée 💪

[1] Ce chiffre ainsi que tous les autres, sauf exception, sont tirés de : Stéphane Truphème, Content marketing : Créer des contenus qui font vendre, Dunod, 2019, 254 pages.

[2] Ce chiffre provient de : https://www.emarketerz.fr/nombre-de-sites-web-internet-monde/ [Visité le 09/07/2021]
Clémence Guiot
Clémence Guiot
https://koine-redaction.fr
Clémence est une de ces personnes qui possède un parcours professionnel atypique. Titulaire d'un Master de recherche de lettres classiques de la Sorbonne et d'un Master de Management de l'Assurance, elle a travaillé dans une grand groupe assurantiel avant de se lancer dans l'entrepreneuriat en créant Koïné Rédaction, une agence de communication engagée auprès des freelances en situation de handicap. C'est sans compter son autisme qui lui donne une expérience du monde singulière.