Le storytelling, c’est un peu la tarte à la crème des rédacteurs web freelance et des copywriters en herbe. Il s’agit d’un outil bien connu dans le secteur de la publicité et du marketing en ligne : le storytelling, parfois traduit par narration en français, consiste à raconter une histoire pour émouvoir ou susciter l’intérêt d’un client. Il garnit les pages de ventes, les fiches produits, les publicités payantes et les pages à propos des sites internet professionnels en les rendant irrésistibles. Du moins, telle est la manière de présenter les choses des divers coaches et formateurs. À travers un format d’article plus personnel que d’habitude, j’avais envie de partager une nouvelle vision du storytelling inspirée par ma propre pratique professionnelle, celle d’un rédacteur web et concepteur rédacteur freelance.
Le storytelling comme la mise en scène des idées
Pour moi, le storytelling consiste à mettre en scène des idées. Ni plus ni moins.
Cette proposition de valeur n’exclut pas la définition habituelle du storytelling, à savoir raconter des histoires, car l’agencement des idées et la manière dont les idées s’articulent les unes aux autres créent une histoire. Cela n’est pas tant une question de format (articles de blog, livre blanc, réseaux sociaux, pages internet) qu’une question de processus d’écriture.
Grâce à cette définition élargie de la narration, tout ou presque dans les projets de rédaction de contenus web et de communication web devient du storytelling. La discipline ne se restreint plus aux histoires telles qu’on les imagine de prime abord. Elle quitte d’ailleurs les rivages de la publicité pour devenir une compétence clef chez les professionnels de l’écrit et de la communication digitale.
La narration vue comme une suite d’idées en enfilades
Après tout, une histoire est une somme de faits, et donc d’idées et de concepts, alignés les uns derrière les autres, qui, par leur cohérence, permettent au lecteur d’imaginer le déroulement des événements.
Les narrations les plus simples s’attardent à décrire les causes puis les conséquences d’actions successives de façon à ce que l’histoire racontée suive une progression chronologique.
Pierre va se baigner. Puisque Pierre voit une méduse, il retourne fissa sur la plage.
Nous sommes devant un exemple typique de narration linéaire composée d’idées en enfilade. Il ne s’agit évidemment pas de la seule manière de raconter des histoires, mais de celle qui nous paraît la plus intuitive et la plus spontanée. Lorsque nous racontons une historie à un proche, nous prenons les faits chronologiquement.
Certains critiques littéraires ont d’ailleurs passé une grande partie de leur carrière à analyser la narration dans les grandes œuvres de la littérature. Autant dire que les possibilités et variantes sont innombrables. Toutes, cependant, peuvent être représentées comme une somme d’idées et de concepts mis bout à bout dans des phrases, dans un ordre précis.
C’est cet ordre, et la manière dont les idées sont expliquées, qui, à mon sens, définit l’art du storytelling plus que le format (l’histoire au sens de récit, la nouvelle, le roman, la biographie).
Le rédacteur web freelance est un minimaliste qui cherche l’économie du sens, des idées et des mots
Les bons rédacteurs freelances ou vulgarisateurs poursuivent un même but à long terme : ils souhaitent capturer l’essence d’un sujet, soit embrasser sa complexité tout en le rendant accessible aux lecteurs en un nombre minimal de mots. Simplifier sans dénaturer, tel est du moins mon idéal que j’essaye d’atteindre à chaque commande.
Pour y parvenir, je n’attends pas l’inspiration des Muses, et je pense qu’aucun de mes collègues non plus. Je passe en général la moitié du temps total de la mission rédaction web à effectuer des recherches.
En effet, le rédacteur doit connaître assez son sujet pour réussir à dégager les points de convergence et de divergence des sources sur sa thématique. Il est rare qu’il maîtrise totalement un sujet au point de passer directement à l’écriture.
Penser tout connaître, tout savoir, sans accepter de revisiter son point de vue ou d’approfondir ses connaissances, s’apparente à une faute professionnelle. L’égo est une faute de goût en rédaction.
Il y a tant à faire :
- Se renseigner sur les cibles ;
- Réaliser un persona ;
- Trouver les sources de référence ;
- Mener des interviews auprès des commerciaux et/ou des collaborateurs qui sont au contact direct des clients.
Lorsqu’enfin je possède une vision surplombante du sujet, je me sens assez à l’aise pour démarrer un premier brouillon.
Le rédacteur web freelance bâtit son article en structurant ses idées et en les agençant
Durant l’écriture, le rédacteur assemble les idées fondamentales et les articule de façon à rendre son texte compréhensible pour le lecteur néophyte.
Il doit d’abord sélectionner les idées à mettre en avant, celles qui sont essentielles à la compréhension. Il doit également définir les idées à exclure, celles qui sont trop compliquées ou nécessitent d’entrer dans des détails et des nuances qui entraîneraient des digressions par rapport au sujet ou à l’angle de l’article. Il s’agit d’un choix conscient.
De mon côté, je commence par faire l’inventaire des grandes idées, celles qui me permettent d’ébaucher les grandes lignes du sujet. Ces dernières forment le squelette de mon futur article. J’ai besoin de travailler avec un plan sommaire. Il m’arrive souvent de noter les premiers titres et les axes principaux sous forme de bullet points.
Toutefois, nous ne sommes pas encore au bout du travail. Vous rappelez-vous les exposés que vous faisiez à l’école ? Ils étaient rarement palpitants. Sans travail supplémentaire, l’article d’un rédacteur web freelance ou d’un vulgarisateur y ressemblerait. Il s’agirait d’un résumé aride, d’un compte-rendu. Il manquerait quelque chose pour rendre la lecture fluide et plaisante.
Pour y parvenir, je sélectionne les idées secondaires à développer. Elles me serviront à étoffer l’architecture et à créer des passerelles entre les grandes idées.
J’imagine mon article comme un chemin pavé d’idées, une sorte de marelle textuelle que le lecteur parcourrait avec autant de naturel que le ferait un enfant s’élançant de case en case.
Le storytelling perçu comme l’art de la synthèse élégante et de l’équilibre des idées
La maîtrise de l’art complexe de la synthèse et de la mise en scène des idées donne son style au rédacteur web freelance. Ainsi, pour un même brief créatif, le résultat d’un rédacteur web différera d’un autre. En façonnant le texte, le rédacteur web ou vulgarisateur le met en ordre et trouve sa voix. Son style découle donc du storytelling. Il sait également adapter son style à la manière de communiquer de l’entreprise, à son identité, car le rédacteur web freelance n’écrit pas pour lui, il écrit d’abord pour aider son client à atteindre ses objectifs à travers sa stratégie éditoriale.
Ainsi, contrairement à ce que pensent bon nombre d’entreprises, un bon rédacteur n’est pas une personne qui produit du texte en quantité, mais plutôt celui qui parvient à produire une synthèse de qualité.
Un argumentaire bien conçu crée une impression positive sur le lecteur : il est non seulement imparable au niveau logique et suscite donc l’adhésion, mais l’enchaînement idéal des idées provoque un sentiment d’harmonie et d’élégance. On peut donc être vulgarisateur et concevoir des phrases simples tout en ayant un style d’écriture personnel et plaisant.
Ce souci de l’effet et de l’émotion, on le retrouve également dans le métier de concepteur rédacteur ou copywriter.
J’ose un parallèle avec la gastronomie : mon objectif est d’atteindre l’umami, le point de contact, d’équilibre et d’harmonie entre la synthèse et le développement des idées. Que mon lecteur se dise, après avoir fini sa lecture « mais oui c’était donc ça ! Je comprends maintenant » ou « si on me l’avait expliqué comme cela plus tôt, je l’aurais compris ! », voilà ce que je recherche quand je rédige des articles.
En finir avec le storytelling rutilant prôné sur la toile
Ma pratique du métier de rédacteur web freelance me fait envisager le storytelling d’une manière peu orthodoxe dans le secteur du marketing et du copywriting. Ce dernier se résume trop souvent à de petits récits à intégrer pour donner un peu de brillant et d’émotion aux textes professionnels. Quelle tristesse ! Plus qu’un outil ou un effet de manche qui dynamise ou décore une page ou une section, je pense le storytelling comme l’agencement logique d’une argumentation. Cette mise en scène des idées et les choix qui s’opèrent durant l’écriture produisent des effets sur le lecteur et facilitent la compréhension. Ceci explique que le métier de vulgarisateur, et plus largement les métiers de la rédaction, de l’écrit et de la communication, se fondent sur des savoir-faire et une expertise réels. Cette expertise est certes moins palpable que dans des métiers manuels, mais elle existe tout de même !
3 commentaires
Hello,
Je suis d’accord avec ta définition du storytelling.
C’est d’ailleurs ce que j’essaie d’appliquer sur mon compte Instagram
Je vais aller voir dans ce cas.
Je pense que le storytelling est une technique à utiliser si l’on veut humaniser son entreprise.